Bonjour,
Voilà un document que je reçois de Ph Hargous que je trouve intéressant pour le site.
Anne marie
Le concept usager-familles
Qu’est ce qu’un usager d’un service de soins ? donc de la psychiatrie ?
Etre usager d’un système de santé c’est attendre de cet ensemble
1) qu’il apporte individuellement et collectivement des réponses dans le domaine
- de la prévention des affections
- le dépistage
- les soins
- l’éducation thérapeutique
- la préparation du suivi et de la vie après l’accident de santé
et, ce, en coordination avec les composantes sociales et médicosociales de l’environnement de la personne
en faisant de la personne un acteur gestionnaire de sa propre santé et du progrès sanitaire collectif.
2) qu’il se soucie de la recherche en matière de santé et de l’amélioration constante des conditions individuelles et collectives liées aux questions de santé.
1) Etre usager-familles à travers son proche
Le malade psychique n’a pas toujours, et à tout moment, la capacité de prendre en main les conditions personnelles de vie que lui imposent par son affection. La famille, ou une autre, ou des autres personnes, viennent participer aux actes de la personne en tant qu’usager du système de santé dans ses composantes sanitaires et sociales.
C’est souvent vers la famille que se tourne le corps médical pour qu’elle accueille et « suive » la personne fragile :
au moment des difficultés psychiques de crise la famille doit :
- en estimer la gravité
- agir pour maîtriser la situation
- décider ou non de lancer une HDT
Pour cela il faut qu’elle
- soit informée des attitudes à avoir ou à ne pas avoir
- ait acquis des connaissances : ex fonctionnement des services de l’hôpital
- ait établi des relations avec le personnel soignant pour être efficace et apte à agir au mieux
Le malade psychique, même s’il vit indépendamment de sa famille reste dépendant d’elle dans la mesure où il peut à tout instant vivre des temps de déséquilibre psychique plus ou moins marqués. Lorsque les incidents surgissent la famille sera souvent appelée en premier.
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dans le quotidien
o elle assure souvent un regard de veille
o elle se préoccupe de la prise des médicaments et peut quelquefois la favoriser
o elle est un élément fondamental des règles quotidiennes de vie quotidienne : alimentation, rythme des journées, hygiène corporelle, hygiène du linge et des locaux,
o elle incite aux soins somatiques : dentaires, et autres
o elle a quelquefois une influence sur les addictions : alcool, tabac, drogue, excès alimentaires,
o elle est amenée à réguler certains problèmes financiers ou matériels majeurs auxquels il faut se confronter activement en urgence.
o elle est attentive au cursus des soins et des obligations sociales
§ rappel des rendez-vous médicaux
§ gestion des dossiers sociaux
§ demande d’allocations,
En fait elle assure plus ou moins les éléments d’une hospitalisation à domicile en raison de la veille exercée et de l’évaluation de l’évolution de la personne.
1) Etre usager-familles en tant que famille
Pour la famille et pour soi directement :
Les familles de malades psychiques sont très perturbées et vont être appelées à être des acteurs souvent centraux dans l’accompagnement des leurs. Elles trouvent difficilement compréhension et soutien adapté. Ainsi il s’agit de leur procurer tout moyen de prévention de catastrophes, de soutien, de thérapies pour affronter les déchirements, de formation pour préparer l’après la sortie.
Les familles sont sollicitées, rejetées, ignorées, peu écoutées.
Les personnes elles-mêmes et le groupe familial deviennent très fragiles psychiquement et dans leur réalité personnelle somatique et familiale.
En effet les familles, parents, fratries et même famille proche, sont affrontées
- au malade, ses paroles et ses actes excessifs, sa souffrance, son angoisse, son refus de soins, la nécessité des hospitalisations,
- à l’ignorance des réalités psychiatriques et de ce domaine de santé, à la difficulté de se faire expliquer, aider
- à des tensions intrafamiliales extrêmes, couple, enfants famille proche.
- Au bouleversement de la vie quotidienne, des dialogues, des budgets familiaux,
- A des problèmes de santé qui émergent
- A une angoisse permanente, (perte de sommeil, perte de concentration, épuisement)
- A une souffrance morale extrême, incompréhension, culpabilité.
La perte des repères habituels, la non connaissance, l’incompréhension du vécu du proche, la peur de l’autre et du jugement social, le désespoir devant l’éclatement de la famille, la douleur de ne pas savoir ce qu’il faut faire, l’anéantissement de tout projet, l’angoisse qui paralyse, le monde inconnu et la difficulté à recevoir des réponses, la rencontre avec l’insoutenable, sont destructeurs de la santé physique et psychique.
Conclusion :
Les familles par ce qu’elles vivent et par ce que l’on attend d’elles sont des usagers des systèmes de santé.
Fragiles, elles doivent être objets d’attention et si nécessaire de soins.
En tant que partie de l’alliance thérapeutique, elles doivent recevoir, écoute, formation et estime.